Interview Vincent Piccolo

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Le métier de préprarateur physique n'est que rarement mis en lumière alors qu'il fait partie intégrante de l'entraînement d'une équipe. Vincent Piccolo, préparateur physique de l'USDAX a bien voulu répondre à nos questions. Nous l'en remercions ainsi que le club qui nous a  grandement facilité la tâche dans notre démarche.

Bonjour Vincent, et tout d’abord merci de nous consacrer un peu de temps. Comment devient-on préparateur physique d’une équipe de rugby professionnelle ? Quel est l’organigramme à Dax en terme de préparation physique ?

En mai 2001, j’ai terminé mes études à Bordeaux où j’ai obtenu un DESS « ingénierie de l’entraînement sportif ». En juin 2001, j’ai intégré le Service de Médecine du Sport du CHDAX (où je travaille toujours). Cette saison là, l’USDAX connaissait la descente de Top 16. Le club recherchait un préparateur physique. J’ai donc posé ma candidature… Après un entretien, j’ai été retenu. L’aventure avec l’USD commençait...
En ce qui concerne l’organigramme, j’ai la responsabilité de l’organisation de la préparation physique. Je suis aidé par Sébastien Ayala qui est en charge de la musculation. De plus, pendant l’intersaison, Guillaume Boudé est venu en renfort pour s’occuper de la réathlétisation des joueurs blessés.

 

De tout temps à jamais, la condition physique fait partie intégrante de la vie d’un rugbyman. En quoi le professionalisme a-t-il changé la donne ?

La préparation physique est nécessaire aux joueurs pour être performants sur le terrain mais aussi pour se protéger des chocs occasionnés aux cours des matches. Le professionnalisme a permis une amélioration de la préparation physique. En effet, les joueurs étant désormais entièrement disponibles pour ce sport, l’augmentation du volume de la préparation physique et des entraînements a été possible.

 

Avez-vous à Dax le matériel nécessaire pour tirer la quintessence de vos hommes ? Y –a-t-il des améliorations chaque année ?

Lors de mon arrivée en juin 2002, la salle de musculation ressemblait plus à une brocante de vieilles machines récupérées  au hasard des fermetures des salles de remise en forme qu’à une salle dernier cri. Mais au fil du temps, le club a su faire des efforts pour s’équiper progressivement en appareils plus modernes. Aujourd’hui, nous disposons d’un équipement relativement correct, en relation avec nos objectifs. Cependant, il est certain que la construction du nouveau stade, avec les différents aménagements qu’il comporte, nous permettra d’être plus en adéquation avec les exigences  du rugby moderne.

 

Comment aborde-t-on une nouvelle saison ? Y-a-t-il des « incontournables » dans votre métier ou fonctionnez vous  différemment suivant les entraineurs et leur désidérata ?

Chaque saison est différente, mais il existe des incontournables telles que les évaluations de début de saison, les séances de référence qui me permettent d’estimer le niveau du groupe. Puis il faut aussi être capable de s’adapter aux différentes façons de travailler proposées par les entraîneurs. Même si chacun a ses méthodes et ses habitudes de fonctionnement, je retrouve une trame commune en terme de préparation d’avant saison.

 

Arrive –t-on à programmer physiquement un groupe pour qu’il soit en forme optimale à un moment donné ? Est on capable par exemple de répondre au désir des entraineurs, si tel était le cas, d’avoir une équipe en forme optimale pour la mi septembre ? 

La planification des séances d’entraînements est quelque chose de complexe car il faut être capable d’estimer la charge globale d’entraînement proposée à la fois aux cours des séances de prépa physique et des exercices de ballon. De plus, les joueurs réagissent différemment aux charges d’entraînement. Pour cela on travaille par cycle alternant phase de travail, nécessaire au développement des qualités physiques ou physiologiques et phase de repos relatif, nécessaire à l’assimilation de ces qualités. Cette étape est aussi appelée phénomène de « surcompensation ». Ainsi, nous individualisons de plus en plus notre travail selon les profils, mais aussi blessures, des joueurs, de manière à répondre le plus précisément possible à leurs besoins. Ce type de fonctionnement demande plus de travail préparatoire et plus de personnel afin de réaliser cette individualisation. Une préparation physique de qualité est à ce prix…Une fois ce travail réalisé, on essaie de prévoir des pics de forme aux moments souhaités par les entraîneurs ou aux moments imposés par le calendrier.

 

Quel est le travail physique commun à tous les joueurs ? Quelles sont ensuite les spécificités de chaque poste ou chaque groupe de postes ?

En début de saison, il y a un travail commun de course et de musculation pour préparer les organismes aux futures charges d’entraînement. Mais ce travail est déjà adapté à leurs performances individuelles réalisées aux cours des tests de début de saison mais aussi à leur poste de jeu. En fonctions des qualités requises au poste (c’est-à-dire que nous observons à partir d’études réalisées sur le temps et la nature de l’effort, les durées des récupérations) nous élaborons alors des groupes de travail répartis par rapport aux qualités que l’on souhaite développer. Ensuite, la spécificité du poste intervient plus dans les contenus des séances. Ainsi, par exemple, l’accent sera mis sur la force et la capacité à répéter des phases de combat pour les premières lignes ou sur un développement des qualités d’explosivité et  des répétitions de vitesse pour des ailiers et arrières.

 

L’arrivée massive des étrangers, notamment de l’hémisphère sud, vous apporte –t-elle un plus dans votre métier ? Et plus généralement, s’inspire-t-on des méthodes australes pour préparer un groupe ?

La diversité apporte toujours un enrichissement tant sur le plan humain que technique. Il est vrai, qu’en matière de préparation physique novatrice, nous  avons toujours un regard sur ce qui se fait dans l’hémisphère sud. Pour ma part, je préfère mêler des inspirations australes à nos méthodes bien françaises…

 

Comment gère-t-on physiquement un groupe en pleine saison ? Récupération certes mais fait on quand même un travail spécifique ?

Au cours de la saison, pour chaque match réalisé, nous regardons le temps de jeu effectué ou les blessures subies. A partir de ce constat nous adaptons les séances de préparation physique différenciées au groupe qui a joué  à celui qui a un temps de jeu inférieur à 30 minutes par match. De plus, le calendrier de la Pro D2 même s’il peut s’apparenter à un marathon, permet d’anticiper des phases de travail et de récupération en maintenant des blocs de cinq matches avec un week-end de repos. Ainsi, la semaine « sans match » permet de conserver des rappels de travail spécifique.

 

Lorsqu’une équipe se traîne sur un terrain ou que les blessés s’amoncèlent, on peut être certain que votre profession va en prendre pour son grade alors que les lauriers vous sont rarement distribués quand tout va bien. Est-ce irritant ou tout au moins injuste ?

Il est vrai que le travail de préparateur physique s’apparente parfois à des tâches obscures. En revanche, le côté valorisant de notre profession est celui d’une relation plus proche avec les joueurs. Nous passons énormément de temps avec eux, à la fois dans les phases de préparation de début de saison puis dans la saison mais aussi dans des moments plus délicats que sont les retours de blessures. En ce qui concerne l’apparition de périodes plus difficiles tels que l’amoncèlement de blessés, je n’ai pas connu au cours de ces huit années passées au club d’entraîneurs ou de managers  m’ayant fait porter de pression excessive à ce sujet.

 

A titre professionnel, que pensez-vous de la cadence imposée par le calendrier pour les équipes de l’élite ?

Comme je le disais lors d’une question précédente, le championnat de Pro D2 est un marathon entrecoupé de pause régulière.  En revanche les intensités de matches sont moindres par rapport à celles que l’on a connues au cours des 2 années passées en Top 14.

 

Même si le sujet est un peu tabou, n’avez-vous pas quelques soupçons sur certains joueurs dont la masse musculaire  évolue subitement de manière spectaculaire ? Et dans le même ordre d’idée, y-a-t-il une lutte très efficace contre le dopage en France ?

Dans le cadre de mon emploi au Centre Hospitalier de Dax, je suis amené à travailler régulièrement avec la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports et de l’Education Populaire concernant la lutte contre le Dopage. Nous avons la chance de connaître en France une des luttes les plus efficaces au monde contre ce fléau qu’est le dopage. Cependant, il ne faut pas se voiler la face, le rugby est, comme beaucoup de sports médiatiques, touché par des cas isolés de dopage. En ce qui concerne notre club, la plus grande transparence est faite à ce niveau et nous veillons, par l’intermédiaire du suivi longitudinal, à ce que nos joueurs ne soient pas touchés par ce mal.

 

Enfin, pour terminer sur un clin d’œil, vous avez un droit de regard sur l’hygiène de vie de vos poulains ?

Lors de l’intersaison, j’ai réalisé une enquête alimentaire auprès des joueurs. Cette enquête avait pour but de déceler les « mauvaises » habitudes alimentaire et de les améliorer. Lors des déplacements, j’envoie également des menus sportifs aux différents établissements qui nous reçoivent. Après, ce sont les joueurs qui doivent se prendre en charge et rester sérieux dans leur alimentation pour optimiser leurs performance ainsi que leur récupération.

 

Merci infiniment, j’espère que cela servira à vous faire connaître un peu mieux de nos supporters !

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