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À trois jours du derby landais, Benjamin Gufflet, le président du directoire de l’US Dax, a longuement justifié son choix de délocaliser ce match à Bayonne, a fait le bilan de ce début de saison, et a raconté comment l’US Dax avait traversé les derniers jours marqués par l’affaire “Nacika-Naseara”.
Pourquoi avez-vous fait le choix de délocaliser ce derby à Bayonne ?
L’idée a émergé au printemps dernier, lors de discussions avec la Ligue Nationale de Rugby (LNR) et Canal +. Je voulais savoir s’il était possible de mettre en avant, sur un format et un horaire différents, ce match exceptionnel. Je souhaitais qu’il ait lieu un samedi après-midi, pour que l’on puisse accueillir un public plus large et familial. Lorsque les matchs ont lieu à 21 heures, c’est plus compliqué. Voilà comment tout a débuté.
Quelle fut la suite du processus ?
Il y avait un cahier des charges assez précis à remplir pour un match un samedi après-midi. Le faire à Maurice Boyau ne rentrait pas dans les critères. Nous avons réfléchi pour trouver un stade plus grand, plus aux normes et nous nous sommes tournés vers Bayonne, qui n’est qu’à 40 minutes de Dax, et qui possède un stade qui répond à tous les critères sur la jauge, la qualité des hospitalités. Nous avons l’ambition de remplir ce stade. Il ne fallait pas une enceinte trop grande non plus. Bayonne possède 13 500 places assises. À Dax, nous n’en avons que 4 500. Le but, c’est de faire un événement important et familial.
Y a-t-il d’autres raisons ?
Lors du derby de la saison passée, qui a eu lieu il y a presque un an jour pour jour, les places se sont vendues très rapidement. Nous n’avons pas pu satisfaire toutes les demandes, nous avons été obligés de refuser beaucoup de monde. Là, nous partons pour un projet “one-shot”. C’est exceptionnel. L’idée, ce n’est pas de faire le derby à Bayonne chaque année. On voulait tout simplement proposer un accueil différent et satisfaire toutes les demandes.
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Quid de l’aspect financier ?
C’est le troisième critère. Le club a besoin de créer de nouvelles sources de revenus. En délocalisant, ça nous assure une manne financière importante pour le club dans son développement. L’idée est vraiment de faire un événement exceptionnel avec un horaire exceptionnel. Canal + et la Ligue ont accepté ça. C’est une chance assez incroyable.
À ce jour, combien de places ont été vendues ?
Nous en sommes à 10 000 (l’interview a été réalisée ce mercredi, en début d’après-midi, N.D.L.R). Nous avons des perspectives entre 12 000 et un guichet fermé d’ici samedi. Le pari est réussi.
Quelles seront les retombées financières ?
Une entrée de plusieurs centaines de milliers d’euros (entre 250 et 350 000, N.D.L.R).
N’est-ce pas un brin contradictoire de jouer un derby landais au Pays basque ?
C’est contradictoire, oui et je l’assume complètement. Il ne faut pas être dans le déni. C’est exceptionnel. Ce n’est pas comme si c’était marqué dans le marbre. C’est contradictoire sur le papier, mais c’est aussi compréhensible par rapport aux arguments énoncés auparavant. Bayonne n’est pas dans le même département que Dax, mais ce n’est qu’à 40 minutes. Ce n’est pas très loin.
Qu’avez-vous répondu aux personnes opposées à cette délocalisation ?
Je respecte, par principe, tous les avis. Je les entends, je les écoute. Ça fait partie de mon éducation. Moi le premier, j’ai mis beaucoup de temps à prendre la décision sur le “go/no-go”. Il faut savoir, aussi, casser les codes, tenter les choses. Ça fait partie de mon ADN. On peut rester dans le confort, mais depuis un an et demi que je suis à la tête de ce magnifique club, j’ai osé, j’ai tenté. Aujourd’hui, ça nous a réussi avec une nouvelle expérience qui est mise en place à titre exceptionnel, je le répète. L’engouement est là. Beaucoup de gens ont dit que ce serait un échec. Les équipes ont investi du temps et de l’énergie pour que ce soit un succès. Ça nous donne raison. Pour rassurer les sceptiques – et je les comprends – dès l’année prochaine, je m’engage à ce que le derby se rejoue à Maurice Boyau. J’espère que cette délocalisation restera un bon souvenir dans ce stade. D’ailleurs, ce qui nous a intéressés, c’est le stade. Ce derby aurait pu se jouer en Gironde aussi. Dans les Landes, nous n’avions pas d’infrastructures hyperdéveloppées. Jean Dauger était la solution la plus proche pour avoir un stade adéquat. Je remercie, au passage, le président Philippe Tayeb et l’Aviron bayonnais, pour son accueil avec de la qualité, du confort. C’est très agréable et cette délocalisation doit rester historique, exceptionnelle. Ça ne doit pas devenir quelque chose de banal.
Vous jouerez devant les caméras de Canal +, un samedi après-midi, alors qu’il n’y a pas de Top 14. Pouviez-vous rêver meilleure exposition ?
Samedi, la météo sera ultra-favorable. C’est génial ! Nous avons la chance d’avoir un dispositif exceptionnel de la part de Canal +. Nous allons pouvoir mettre en avant le rugby landais, c’est une fabuleuse vitrine pour le territoire, c’est bien pour la promotion du rugby landais. Il faut prendre le positif, ça veut dire que le rugby landais reste très attractif. Je pense que, samedi, Canal + fera de gros chiffres. C’est important de travailler sur ce côté-là.
Si l’on s’écarte un peu du derby, quel regard portez-vous sur le début de saison de votre équipe ?
Il est bon. On nous avait prédit beaucoup de difficultés après une saison exceptionnelle l’an dernier. On sait que la seconde saison, pour un promu, est plus difficile. Aujourd’hui, on arrive à rivaliser. Nous avons plus de difficultés par moments, parce que nous sommes plus attendus, connus. Je n’oublie pas, aussi, que nous avions très peu de casse l’an passé. Là, il y a un peu de blessés. Malgré tout, ça reste très positif. Maintenant, nous avons un calendrier qui ne sera pas simple jusqu’à Noël, mais il sera aussi très intéressant. On va recevoir le derby basco-landais le 6 décembre, nous jouerons face à Aix le 12. Ce sont des matchs importants. Samedi, la victoire est importante pour rester dans une situation confortable au classement. Le Stade montois reste un grand club, nous sommes en apprentissage. Les Montois seront favoris, parce qu’ils sont bien ancrés dans la division avec des résultats magnifiques et une qualification depuis une dizaine d’années.
Sur le derby, vous menez 2-0 depuis l’an passé…
On a eu la chance de gagner deux fois l’an passé, oui. Là, c’est une nouvelle saison. On verra qui sera le meilleur, samedi. Il y aura beaucoup de supporters qui vont pousser derrière l’équipe, c’est génial. C’est un derby, mais ça reste un match de rugby avec cinq points au bout. Les joueurs font une belle semaine de préparation, ils sont remotivés après la déroute à Béziers.
Aujourd’hui, le maillot de l’USD n’est pas encore vendu. Que pouvez-vous nous dire là-dessus ?
Si, il est vendu. Il faut remercier le Grand Mail qui a maintenu son engagement important de partenaire principal. Il nous a laissé l’opportunité de se déplacer un peu sur le maillot pour laisser la face avant, qu’on vend au match. Les partenaires, pour un budget hyperattractif, peuvent communiquer sur un match, on fait tourner. La face est vendue pour le derby ou pour la réception de Biarritz. Pour samedi, ce sera “les Thermes de Saubusse” sur le ventre. Elsie Santé figurera sur la manche.
La semaine dernière a été marquée par les affaires extra-sportives, puisque deux de vos joueurs ont été placés en garde à vue. Comment avez-vous traversé cette période ?
Ça a été une semaine compliqué, parce que ça reste toujours très ennuyeux, même choquant. Dax est une ville très calme, sereine. Nous n’avons pas l’habitude de ce genre d’affaires. Ça s’est passé dans un cadre privé, ce n’était pas dans le cadre du club. Nous sommes affectés par l’image que ça peut donner, ça a été une semaine éprouvante pour tout le monde. Il a fallu gérer ça localement, médiatiquement, comprendre pourquoi ça s’était passé, se remettre en cause aussi. À l’USD, nous faisons attention aux conditions de vie des joueurs, à leur comportement, à leur bien-être. On a peut-être raté quelque chose là-dessus. On a mis en place une petite cellule de crise. Dans les prochains jours, nous mettrons en place un programme de prévention des risques avec des intervenants médicaux sur ça, sur les addictions. Il est hors de question que ça se reproduise. Nous pensons aux victimes, à l’image que ça a pu donner. Ce ne sont jamais des moments agréables.
Ratu Nacika passera devant la justice jeudi prochain. Jope Naseara sera jugé en mai. Quelles mesures allez-vous prendre ?
Nous allons prendre des mesures, c’est certain. On reçoit les joueurs jeudi pour mettre ça en place. Nous avons réagi le plus tôt possible, mais je le répète, c’est une affaire d’ordre privé. On ne peut pas tout mélanger, il y a des lois, des règles, il faut les respecter. Il faut que les joueurs expriment des excuses publiques, c’est la moindre des choses. Nous devons aussi les entourer pour comprendre, aider. Ça reste des joueurs du club. Il faut savoir condamner et aider. On verra, dans les prochains jours, ce que donnent les jugements et on réagira en conséquence. Il y a une justice, c’est à elle de faire son travail. On fera le maximum que l’on puisse faire par rapport à ce qui s’est passé. Le dossier est en cours.
Nacika absent du groupe, Naseara titulaire ?
Entendus par la police et placés en garde à vue jeudi dernier, Ratu Nacika et Jope Naseara n’étaient pas du voyage à Béziers la semaine passée. Depuis, les deux Fidjiens ont été relâchés et Nacika a été placé sous contrôle judiciaire. Il sera jugé jeudi prochain par le tribunal correctionnel de Dax des chefs “d’agressions sexuelles par personne en état d’ivresse manifeste, violences n’ayant pas entraîné d’incapacité totale de travail, commises par une personne en état d’ivresse manifeste et de dégradations du bien d’autrui”. Il s’est entraîné, cette semaine, mais ne devrait pas participer au derby landais, samedi. Jope Naseara, qui sera jugé le 5 mai prochain, du chef de “violences ayant entraîné des incapacités totales de travail de moins de huit jours commises par une personne en état d’ivresse manifeste” devrait, selon nos informations, être titulaire samedi, face à Mont-de-Marsan.